RAZZIA DE NETFLIX SUR LES FILMS DE CINEMA
Les talents du grand écran désertent de plus en plus la salle
Netflix vient de prendre un virage important. Sans doute pour répondre à Disney qui a commencé à diffuser ses blockbusters, directement sur sa plateforme Disney+. Même ceux à 200 millions $. Et aussi à Warner qui, aux Etats-Unis en tout cas, a décidé de supprimer la fenêtre d’exclusivité de 3 mois des salles de cinéma, pour diffuser tous ses films de 2021, y compris ses blockbusters de 200 millions $ de budget, en même temps dans les salles américaines et sur sa plateforme S-Vod, HBO max.
Jusqu’à présent en effet Netflix privilégiait les séries et les documentaires exclusifs. La plateforme proposait aux exploitants de diffuser les films de cinéma sur Netflix en même temps qu’en salle, ce que les exploitants refusaient. Elle se contentait donc de diffuser, en exclusivité, des films unitaires, réalisés par de grands réalisateurs, comme « The Irishman », réalisé par Martin Scorsese ou « Roma », réalisé par Alfonso Cuaron.
Mais, mardi, Scott Stuber, le responsable du cinéma sur Netflix, vient d’annoncer un changement de politique : ses programmes de 2021 comprendront 70 films avec des vainqueurs des oscars et des stars du box-office. Ces films ont toutes les caractéristiques des films, y compris les blockbusters, qui, jusque-là, sortaient en salle. Mais ils ne sortiront pas en salle, ni aux Etats-Unis, ni en France.
Cette liste comprend des comédies, des drames, des films d’horreur, des films familiaux et des films étrangers. Ainsi, « Red Notice », est un film d’action, réalisé par Rawson Marshall Thurber, avec Ryan Reynolds, Gal Gadot et Dwayne Johnson, dont le budget est de 160 millions $. Le précédent film du réalisateur, « Skyper » avait été distribué en France par Universal et y avait rassemblé 700 000 spectateurs.
Autre exemple : Jennifer Lawrence et Leornardo DiCaprio seront les stars de « Don’t look up », réalisé par Adam McKays, dont « Le big short : le casse du siècle », distribué par Paramount, avait rassemblé 832 000 spectateurs en France en 2015.
Cette liste comprend également le prochain film de Jane Campion, l’adaptation de la comédie musicale à succès « Tick tick…. Boom », le prochain film de Sorrentino, de Jeunet, de Dany Boon, etc..
Netflix a acquis à des producteurs indépendants des films initialement destinés au cinéma. Mais aussi des films produits par Disney, MGM, Sony, Paramount.
Scott Stuber a affirmé que Netflix va développer des films d’action à gros budget. Comme « The gray man », réalisé par Joe et Anthony Russo (« Les Avengers »), avec Ryan Gossling et Chris Evans et une nouvelle adaptation des « Chroniques de Narnia ».
Quelque soit la réglementation protectrice mise en place en France, cette évolution pose un énorme problème de survie aux salles de cinéma et aux distributeurs français. https://www.offremedia.com/smad-entre-150meu-et-200meu-attendus-chaque-annee-de-netflix-dit-roselyne-bachelot
C’est ce que nous avons écrit la semaine dernière. https://siritz.com/editorial/la-salle-de-cinema-menacee-de-mort/
La réponse ne viendra pas des pouvoirs publics mais des salles elles-mêmes. https://siritz.com/editorial/pour-survivre-les-salles-doivent-bouger/
Et, bien entendu, il ne s’agit que des films que Netflix va diffuser en 2021. La plateforme, comme ses concurrents, est déjà en train de commander et de faire produire les films à diffuser en 2022 et qui ne seront pas dans les salles.
Certes, les producteurs, eux, pourront s’adapter à ces nouveaux clients. Mais est-ce que cela pourra compenser l’effondrement du média salle de cinéma ?