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L'édito de Serge
Serge Siritzki

UN BOULEVARD LAISSÉ LIBRE AUX EUROPÉENS

Par Serge Siritzky

Il n’y a pas de doute que l’IA va bouleverser la création cinématographique comme audiovisuelle. Va-t-elle supprimer des emplois ? C’est probable dans certains domaines, comme par exemple le sous-titrage et le doublage. Mais, pour le sous-titrage, dans chaque langue il faudra sans doute que la traduction soit contrôlée par un spécialiste. Ce sera encore plus vrai avec le doublage, car les intonations et le mouvement des lèvres, du visage, voir du corps varie d’une langue à l’autre. En tous cas, les coûts diminueront par rapport à un doublage par des traducteurs, puis des comédiens. Même s’il ne serait pas illogique que les comédiens obtiennent un supplément de rémunération pour le doublage de leur propre voix dans d’autres langues. En tous cas le point mort augmentera pour les distributeurs, ce qui aura une incidence positive sur leur activité, donc, probablement sur l’emploi dans leur société, car ils pourront vendre plus de films.
De mêmes, certaines scènes spectaculaires, qui nécessitent des maquillages ou des décors coûtant très cher, pourront être réalisées à un prix très abordable sur ordinateur, grâce À l’IA. Là encore, l’abaissement du point mort pour les producteurs ne pourra qu’avoir une incidence positive sur leur activité, donc leur emploi. Et ces technologies vont entraîner le développement ou la création de prestataires spécialisés dans ces techniques.
Mais le grand enjeu est celui de la création (scénario, dessins, images, interprètes, musique, etc…). Des bases électroniques de plus en plus gigantesques vont stocker les créations existantes et permettre, à partir de commandes itératives, de fabriquer de nouvelles créations. Il paraît difficile d’interdire ces nouvelles créations. Mais, comme le réclament, à juste titre, les organismes représentant des professions concernées, il est indispensables que celles-ci soient rémunérées pour ce copiage, à la fois sur les créations stockées comme sur celles utilisées. Cela suppose que les algorithmes indiquent les sources utilisées. On en est loin.  Et  aux États-Unis qui sont actuellement le moteur de l’IA, ce n’est pas la philosophie des GAFA. Mais cette attitude est justement un boulevard laissé libre aux Européens, et notamment aux Français, car les créateurs du monde entier, à commencer par ceux des États-Unis, ne peuvent accepter le vol de leur capital et la menace d’une réduction spectaculaire de leur emploi. Or l’IA a le potentiel de créer les outils permettant cette transparence.
Il est prioritaire que les pouvoirs publics français soutiennent la création de ces outils, des outils qui se révéleront donc un investissement des plus rentables.

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