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L'édito de Serge
Serge Siritzki

ÉPOUVANTE ET VIOLENCE À GOGO

Par Serge Siritzky

François-Pier Pelinard-Lambert, le directeur de la rédaction du Film français, dans son dernier éditorial, intitulé « Même pas peur », souligne l’incroyable succès au box-office de « Terrifier 3 », de Damien Leone, https://fr.wikipedia.org/wiki/Terrifier_3 que toutes les majors ont refusé et qui est distribué en indépendant : 18 millions $ au box-office US dès son premier week-end, en deuxième position derrière « Le robot sauvage ». En France où il est distribué par un petit distributeur indépendant, Esc Films, son démarrage est tout aussi spectaculaire : il a réalisé 280 000 entrées sa première semaine (là encore en deuxième position derrière « Le robot sauvage »), mais dans seulement 155 salles) . Il y est en deuxième position mais, largement en tête au nombre d’entrées par salle, avec 1 800 entrées, alors qu’aucun autre film n’atteint les 900 entrées par salle.

Il se trouve que c’est un film d’épouvante et à petit budget pour un film américain (2 million $). Mais pas le film d’épouvante classique. Comme le note François-Pier Pelinard-Lambert : « la peur, le suspense, la terreur ne sont pas vraiment au menu de cet épisode 3. Encore moins des considérations sociales et psychologiques. Ses fans savent à quoi s’attendre : les corps passent à la découpe(…) un certain public, à l’évidence volumineux, n’a plus le sens de la retenue. » Epouvante et violence à gogo.

Or le cinéma est sans doute le média qui continue à le plus représenter l’état et l’évolution de la société. Il suffit de se tenir au courant de l’actualité pour se rendre compte de la violence croissante de nos sociétés que le succès de ce spectacle reflète. Evidemment, le public de ce type de films est essentiellement jeune. Et nous sommes de plus en plus obligés de constater le développement de la violence la plus extrême au sein de la jeunesse. Au point que dans un pays comme la France on en vient à remettre en cause l’excuse de minorité.

Quels sont les facteurs de cette évolution ?  les jeux vidéos ? internet ? la perte d’autorités des enseignants ? le développement du monde de la drogue ? le blocage de l’ascenseur sociale ?

Le cinéma est le reflet de cette évolution. Ses grands auteurs dans leurs oeuvres, pourraient tenter d’en expliquer les ressorts. Cela permettrait d’imaginer des remèdes. Il faut dire que les actualités constituent aujourd’hui des émissions d’épouvante.

Pour compléter cette analyse notons que, cette semaine, en France, c’est de nouveau un film d’épouvante américain , certes moins systématiquement violent, « Smile 2 », réalisé par Parker Finn, https://fr.wikipedia.org/wiki/Smile_2 , distribué par Paramount, qui est en seconde position derrière « L’amour ouf », avec 34 000 entrées dans 358 salles et le deuxième au classement des entrées par salle. Il fait mieux que « Smile 1 » (32.000 entrées). Constatation plus terre à terre : l’épouvante est désormais un genre majeur de la fréquentation.

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