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L’industrie du cinéma et de l’audiovisuel n’a pas saisi à quel point les GAFA représentent un énorme potentiel de recettes encore en friche.

Tout d’abord, les plates-formes mondiales de S-Vod ne sont pas tenues de  rendre public le détail de l’audience de chacun de leurs contenus que pourtant elles possèdent : vus, durée, territoires, public, etc… Elles s’engagent parfois contractuellement à en fournir une partie au fournisseur d’un contenu, mais pas de permettre l’accès de tous les professionnels à la totalité de ces informations, à travers un équivalent de Médiamétrie, comme le font les chaînes gratuites. Au contraire, tous les exploitants de salles de cinéma fournissent à Comscore, auxquels peuvent s’abonner les distributeurs et tous les professionnels, leurs entrées (et, aux États-Unis, leur chiffre d’affaires).

Certes, les audiences des chaînes doivent être impérativement fournies aux annonceurs et les entrées des salles aux distributeurs pour négocier les détails de la programmation. Mais ces informations permettent aussi à tous les professionnels d’avoir une idée précise de la valeur économique des contenus et des talents.

Pourtant, cette obligation de fournir toutes les données d’audience des S-Vod existe déjà en Suisse, comme l’a rappelé le distributeur Laurent Dutoit aux journées de l’exportation. https://siritz.com/editorial/exportation-laudiovisuel-plus-important-que-le-cinema/

La France qui s’enorgueillit d’avoir l’écosystème que toute l’Europe nous envie n’a même pas abordé la question. Elle pourrait suivre l’exemple de la Suisse. Mais elle devrait surtout agir pour faire compléter la directive SMA par cette obligation.

Plus important encore est l’absence de régulation sur le marché des réseaux sociaux. Certes, You tube permet de créer des médias audiovisuels qui ont toutes les caractéristiques des chaines de télévisions et des radios. Leur audience est publique ce qui permet d’assoir la facturation aux annonceurs. Et qui permet aussi  à toutes les sociétés gérant les droits voisins de se rémunérer.

Mais Facebook, Twitter, Instagram et autres TikToK constituent de puissants outils de promotion pour les chaines de télévision, les radios, leurs programmes et les films de cinéma. Or, une partie importante de leurs recettes publicitaires est générée par ces contenus et reste du domaine de la jungle.

Les multiples représentants des propriétaires de contenus et des sociétés gérant les droits voisins sont des nains face à ces géants mondiaux. La loi, et, là encore, surtout une directive, devrait obliger ces géants à fournir toutes les informations dont ont besoin les ayants-droits pour assoir une rémunération sur les recettes des réseaux sociaux.

En fait, ces derniers cherchent toujours à se faire passer pour des sociétés de télécommunication qui ne font que transmettre des communications. Alors que ce sont des médias dont les algorithmes permettent de multiplier et d’orienter ces communications et que cette activité enrichie. Dans cette optique, ils doivent être obligés de rémunérer tous les ayants droits en fonction des chiffres d’affaires que ceux-ci leurs permettent de générer.

Avec le même raisonnement, la passionnante  série suédoise « The Playlist » diffusée par Netflix, sur l’histoire de Spotify, raconte comment ce site a sauvé l’industrie de la musique. Mais aujourd’hui il enrichit ses actionnaires, les plus grandes stars de la musique et, surtout, les majors du secteur. Mais la masse des chanteurs et compositeurs, même s’ils ont du succès, ne peuvent vivre des revenus de Spotify ou de ses concurrents, car ceux-ci et les majors leurs affirment qu’être écoutés sur leur site constitue une promotion pour la vente de leurs CD ou de leurs concerts. La série démontre que les pouvoirs publics doivent intervenir pour mettre fin à cet abus de position dominante. https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Playlist