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UNE MESURE SOUHAITABLE MAIS DE GRAVES ENJEUX

Le président-candidat Macron a annoncé qu’il allait supprimer la redevance. Il est évident que cette mesure concerne tous les professionnels de notre audiovisuel, mais aussi de notre cinéma, puisque la télévision publique en est l’une de leurs principales sources de financement. D’où les réactions immédiates de toutes les organisations représentatives. https://siritz.com/editorial/france-televisions-en-question/

Macron a présenté cette mesure comme la suppression d’un impôt. C’est le cas, mais il ne s’agit nullement d’une réduction des prélèvements obligatoires, car ce financement devra passer par le budget général, un budget en déficit depuis 50 ans. Rembourser les emprunts cumulés n’est pas indispensable à court terme, mais, les taux d’intérêts vont certainement bientôt augmenter très sensiblement. Et cet surplus, à lui seul, qui va sans doute peser au moins autant que le budget de l’éducation nationale.

Certes la redevance est un impôt particulièrement injuste puisque du même montant quel que soit le revenu. Reste que le budget général est principalement financé par la TVA qui pèse bien plus sur les classes modestes que sur les classes aisées.

Actuellement la redevance est de 138 € par foyer possédant un téléviseur. Le budget général ajoute 600 millions €. Le total est de 4 milliards d’euros qui servent à  financer le service public de l’audiovisuel. Compte tenu du fait que les jeunes ne regardent pas la télévision, ou bien, quand ils la regardent, le font par leur mobile, leur tablette ou leur ordinateur, il est probable que le nombre de ceux qui la payent va diminuer. Pour assurer la pérennité des ressources du secteur public de l’audiovisuel une réforme est donc indispensable.

La redevance est beaucoup plus élevée en Allemagne. https://www.francebleu.fr/emissions/la-minute-des-frontaliers/lorraine-nord/en-allemagne-la-redevance-tele-coute-220eu-contre-138eu-en-france  Mais aussi, outre-manche. Là bas  une partie des conservateurs voudrait la supprimer, estimant que la BBC est partisane en faveur des travaillistes. Les mêmes accusations en provenance de la droite de chez nous sont portées à l’égard de France télévisions et de Radio France. Mais, dans leur esprit, supprimer la redevance suppose de la remplacer par des recettes publicitaires. Or, ce n’est pas parce que l’offre d’espace publicitaire va soudain exploser que le chiffre d’affaires publicitaire va faire de même. En fait une telle mesure réduirait considérablement le chiffre d’affaires des ex chaînes et radios publiques. En outre, elle mettrait en grave difficulté financière les groupes TF1 et M6. C’est donc tout le secteur de la production cinématographique et audiovisuelle française qui souffrirait.

Un gouvernement sensé ne pourra que remplacer le produit de la redevance par un financement à peu près équivalent du budget général. Macron laisse entendre que ce sera une loi de programmation pluriannuelle de trois à cinq ans, comme pour la recherche. Il faudra que ce soit une vraie garantie que le Parlement ne puisse remettre en cause, alors qu’aujourd’hui gouvernement et Parlement peuvent, à tout moment réduire, la redevance ou l’apport du budget général, s’ils voulaient punir un service public qu’ils accuseraient d’être partisan en faveur de l’opposition.

Il faut que cette garantie s’appuie sur des objectifs, avec des critères précis pour vérifier la réalisation de ces objectifs. Les uns et les autres devraient, enfin, faire l’objet d’un véritable débat au Parlement, mais aussi dans la société civile.  Un organisme indépendant, comme l’Arcom, devrait être chargé de contrôler son respect. Ce serait d’ailleurs logique puisqu’il nomme les présidents des entreprises publiques.