Archive d’étiquettes pour : Sacré coeur

Dans de précédents articles nous rappelions qu’en règle général, un film qui a un bon bouche à oreille, par ce qu’il correspond effectivement à ce que le public visé souhaitait voir, chute de 30% ou moins en seconde semaine et totalise à la fin de sa carrière au moins 3 fois les entrées de la première semaine. https://siritz.com/editorial/la-lecon-des-gros-echecs-des-films-francais/ et https://siritz.com/editorial/deux-films-phenomenes-a-suivre/. Cette évolution s’explique parfois parce que les exploitants constatent dès la première semaine un bon taux de remplissage chez eux ou chez leurs concurrents et augmentent le nombre de séances ou décident de programmer en seconde semaine ce film qu’ils ne programmaient pas en première semaine. Parfois aussi, cette évolution s’explique par le fait que le film, surtout des films pour enfants ou pour les jeunes, a démarré la semaine juste avant les vacances scolaires.

Mais peut-on prévoir la carrière d’un film dès la 2ème semaine d’exploitation ? Nous avons testé cette « règle » sur tous les films sortis en 2025 depuis la fin des vacances scolaires de Noël jusqu’à avant les vacances de la Toussaint. Nous en avons répertorié 518. 49, soit 9,5% ont chuté de 30% ou moins en seconde semaine. 30, soit 62 %, ont totalisé en troisième semaine plus de 3 fois les entrées de la première semaine. C’est dire que 38%, qui n’ont chuté que de 30% ou moins en seconde semaine, n’ont pourtant pas totalisé trois fois leurs entrées de la première semaine à la fin de leur exploitation. Mais  les 62%  montent à 71% si l’on ne prend en compte que les films qui ont chuté de 25% ou moins en seconde semaine.

Parmi ces films qui ont chuté de 30% ou moins en seconde semaine, il  y a eu des « films phénomènes » comme le dessin animé « Elio », produit par Pixar et distribué par Disney https://fr.wikipedia.org/wiki/Elio .Il réalisé a 167 000 entrées dans 591 salles la première semaine et a bondi à 455 000 entrées la seconde semaine (+72% ) dans 609 salles. Or il est sorti le 18 juin et la seconde semaine se situait avant le démarrage des vacances scolaires. C’était donc encore une semaine « normale ». Au total il a rassemblé 1,240 millions de spectateurs, soit 7,4 fois ceux de la première semaine. C’est donc, de loin, le film record de cette période.

Comme on l’a vu pour « Muganga-celui qui soigne » et « Sacré cœur » ces « films phénomènes » se détectent particulièrement vite. « Muganga » devrait dépasser le coefficient de 7 en fin  de carrière et « Sacré coeur » le coefficient 8.

En tout cas la bonne tenue en seconde semaine n’est pas une garantie absolue que le film va au moins multiplier par au moins 3 ses entrées de la semaine. C’est le cas de 4 films sortis le 19 mars : « On ira »https://fr.wikipedia.org/wiki/On_ira_(film)n’a reculé que de 9% en seconde semaine, mais son multiplicateur n’a été que de 2,79. « The Insider » a reculé de 20% alors que son multiplicateur n’est que de 2,4. https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Insider_(film) .« Délocalisé » n’a reculé que de 19% et n’a, au total, fait que doubler ses entrées. https://fr.wikipedia.org/wiki/Délocalisés « Black box diaries » n’a chuté que de 21% et son multiplicateur n’est que 2,88. https://fr.wikipedia.org/wiki/Black_Box_Diaries

Parmi ces 49 films prometteurs cités plus haut, un autre a eu un multiplicateur dépassant 5 : Le dessin aminé franco-suisse (moyen métrage) pour enfant « Une guitare à la mer » n’avait chuté que de 8% en seconde semaine, et a multiplié finalement ses entrées de la première semaine par 5,7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_guitare_à_la_mer Mais sa seconde semaine était le début des vacances scolaires de février.

A noter que 6 films ont eu un multiplicateur qui a dépassé 4.

Mais ce qui est impressionnant c’est que plus de 90% de films sortis ont fortement chuté dès la seconde semaine et que leur multiplicateur est nettement inférieur à 3. Le public fait donc son choix très rapidement. Ce qui est inévitable quand, en moyenne, 15 nouveaux films sortent chaque semaine. Ou bien le film se fait remarquer par une part importante de son public potentiel et les premiers spectateurs vont propager un bon bouche à oreille ou le film va très vite tomber aux oubliettes.

Malgré la sortie de 14 nouveaux films mercredi dernier, « Muganga- celui qui soigne » et « Sacré cœur » https://siritz.com/editorial/deux-films-phenomenes-a-suivre/ ont vu le nombre de salles qui les diffusent augmenter sensiblement. Le premier est passé de 266 salles à 375 et le second de 228 salles à 337 salles. Même si, dans celles qui le diffusaient déjà, le nombre et la qualité des séances a diminué pour faire de la place aux nouveaux films. Mais de plus en plus d’exploitants veulent présenter à leurs clients des films qui valent le déplacement.

De ce fait, en 4ème semaine « Muganga-celui qui soigne » ne baisse que de 15%, la fréquentation passant de 53 000 à 45 000 entrées, totalisant déjà 213 000 entrées ,soit 4,1 fois les entrées de la première semaine. Quant à « Sacré cœur » sa fréquentation passe de 72 961 entrées à 73 198 entrées (contre 47 374 entrées en première semaine). Et il totalise déjà 193 000 entrées. Soit, lui aussi, 4,1 fois les entrées de la première semaine.

Incontestablement les deux films phénomènes font mieux que résister.

Bien entendu, il y a d’autres films qui ont une carrière remarquable.

C’est notamment le cas du film américain « Une bataille après l’autres » qui, en 4ème semaine ne recule que de 12% et atteint 1,146 millions d’entrées, soit 2,6 fois les entrées de la première semaine.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_bataille_après_l%27autre

La coproduction franco-espagnole, « Sirat », en 6ème semaine, baisse de 30% et totalise 647 000 entrées, soit 3,4 fois les entrées de la première semaine. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sirāt

Ou bien la palme d’or du dernier festival de Cannes, « Un simple accident » qui ne recule que de 3% en 3èmesemaine et totalise 468 000 entrées, soit 2,1 fois les entrées de la première semaine. https://siritz.com/cinescoop/vengeance-contre-pardon-avec-humour/

On estime que les entrées d’un film qui bénéficie d’un bon bouche à oreille chute d’environ 30% par semaine chacune des semaines suivantes et finira sa carrière avec entre trois et quatre fois les entrées de la première semaine. La très grande majorité des films chutent de beaucoup plus.

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.

Mais, depuis fin septembre, deux films ont une carrière totalement atypique qu’il est intéressant d’analyser. Ce sont véritablement deux films phénomènes à suivre. Il s’agit tout d’abord de « Muganga, celui qui soigne » https://siritz.com/category/cinescoop/page/2/ C’est un premier film, réalisé par Marie-Helène Roux. https://fr.wikipedia.org/wiki/Muganga_-_Celui_qui_soigne

Cette coproduction entre la France et la Belgique et tournée au Ghana, a un budget prévisionnel de 5,3 millions €, ce qui est le budget moyen des films français. Son distributeur, l’Atelier distribution, est ce qu’on appelle un petit distributeur qui se spécialise dans « des films engagés qui posent un regard sur des problèmes sociétaux importants. » Le film « Mugamba » sur l’action de deux médecins dans le Congo ravagé par la guerre, correspond à cet engagement.

Il est sorti le 29 septembre dans 131 salles. Mais, dans beaucoup de ces salles il n’a bénéficié que d’un nombre limité de séances par jour, voir par semaine. Il a tout de même rassemblé 51 000 spectateurs. La seconde semaine 29 salles supplémentaires ont rejoint les premières, mais, là encore, avec un nombre réduit de séances. Et il a rassemblé 62 000 entrées, progressant de 23% par rapport à la première semaine ! En troisième semaine 106 salles se sont encore rajoutées, et le film a rassemblé 53 000 spectateurs, soit un recul de 15% par rapport à la semaine précédente, mais un niveau total supérieur à celui de la première semaine. En trois semaine il en était donc à un total cumulé de 168 000 entrées, soit déjà 3,3 fois les entrées de la première semaine.

Deuxième film atypique, « Sacré coeur » un docu-fiction qui est, là aussi, un premier film, réalisé et produit par Steven et Sabrina Gunnel. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1000026320.htmlIl traite d’un évènement que l’église catholique considère comme un vrai miracle. Le film, sorti le 3 octobre, est distribué par Sage, spécialisé dans les films d’inspiration chrétienne. A noter que la régie de la SNCF a refusé les affiches publicitaires de ce film « en vertu du principe de laïcité que doit respecter un service public ». Dans ce cas, elle aurait sans doute également refusé les affiches de « Les 10 commandements » de Cécile B de Mille ou les différents chefs d’œuvres consacrés à Jeanne d’Arc…

« Sacré cœur » a un budget prévisionnel de 690 000 €. Il a été pré-acheté par les chaînes du groupe Bolloré (Canal +, Ciné+, OCS et C8) pour 360 000 € et par KTO pour 20 000 €, alors que Saje a donné un minimum garanti de 20 000 €. https://siritz.com/cinescoop/les-mystere-du-sacre-coeur-de-jesus/Le film est sorti dans 149 salles, avec, là encore, un nombre très réduit de séances. Il a rassemblé 47 000 entrées la première semaine. La deuxième semaine 79 salles se sont ajoutées, soit 50% de plus et la fréquentation a progressé de 54%. Le film totalisait alors 119 000 entrées, soit déjà 2,5 fois les entrées de la première semaine. Il est clair que pour ces deux films très ciblés, le public visé estime qu’ils « valent le déplacement ».

Mais, mercredi dernier sont sortis, avec la perspective des vacances scolaires la semaine suivante, 15 nouveaux films (dont 8 français) dans plus de 3 000 salles. Les budget cumulatif de 3 des films français atteint près de 80 millions € et d’un 4ème,  10 millions €. Il sera intéressant de voir comment ces deux films phénomènes ont résisté à ce déferlement qui a dû leur retirer de nombreuses salles et séances.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 15 ans d’archives.

Steven Gunnel à la fin du boys band Alliage, en 2000, est tombé en dépression et dans l’alcoolisme.  Plus tard,  il a découvert la foi dans une église à Nice et a créé, avec sa femme Sabrina, une société de production réalisant des films documentaires sur les sujets religieux. https://www.voici.fr/news-people/steven-gunnell-l-ex-chanteur-d-alliage-metamorphose-25-ans-apres-la-fin-du-boys-band-805885.« Sacré cœur » est son premier documentaire pour le cinéma qui nous plonge dans les mystères du Sacré-Cœur de Jésus. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1000026320.html

Cinéfinances.info* a fourni les données financières de cet article.  

   Steven Gunnell

Le budget  prévisionnel de ce docu-fiction est 690 000 €. Dans notre dernier baromètre sur les documentaires, portant sur l’année 2025, le budget moyen des documentaires était 369 000 € et le plus élevé était de 661 000 € https://siritz.com/financine/le-barometre-financier-des-documentaires-en-2025/Pour  la préparation, 25 jours de tournage et la post-production la rémunération du réalisateur est de 49 000 €, dont 8 000 € d’à valoir sur droits d’auteur et 41 000 € de salaire de technicien. Dans notre baromètre la rémunération moyenne des réalisateurs était 36 000 €. Il a écrit le scénario pour 2 000 € et il y a des comédiens dans le film dont la rémunération est de 6 500 €.

Le producteur délégué est Kréa Film Makers (Steven et Sabrina Gunnell). Il a bénéficié d’un financement participatif de Credo Funding, des experts du financement pour les projets de la communauté chrétienne. Toutes les chaînes du groupe Canal+ l’ont préacheté ainsi que KTO.

La société de distribution Saje Distribution lui a donné un minimum garanti. Saje Distribution est spécialisé dans la diffusion de films chrétiens. Le dernier film que la société a distribué  était « De mauvaise foi », sorti le 7 mai dernier et produit par Saje production. Il avait rassemblé 77 000 spectateurs.

*www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 15 ans d’archives.