L’éditorial de la semaine dernière, intitulé « Déjà en retard d’un guerre » était un cri d’alerte pour nous mobiliser contre la menace que représente les réseaux sociaux et l’IA contre notre audiovisuel et notre cinéma comme contre notre démocratie. https://siritz.com/editorial/deja-en-retard-dune-guerre/ Mais la vérité c’est que la prise de conscience du véritable défi qu’ils représentent existe parmi plusieurs responsables de ce secteurs.
A commencer par le président-en fin de mandat- de l’Arcom, Roch-Olivier Maistre. Dans un article du Figaro du mardi 12 novembre, il rappelle « la Digital Service Act de l’Union européenne qui vise à limiter les effets nocifs des grandes plateformes sociales en rehaussant leur niveau de responsabilité. » Mais il reconnaît que « nous ne sommes qu’au début de l’histoire de la régulation du numérique comparée aux 40 ans de régulation de l’audiovisuel». L’Arcom est l’un des 27 coordinateurs nationaux qui travaillent étroitement avec la Commission européenne pour faire respecter la DSA. Son président affirme : « le temps de l’impunité est passé…. Il y a eu ces deux dernières années de nombreuses décisions de justice et des condamnations. » Durant son mandat une « équipe de France de la régulation du numérique s’est mise en place. » Sur les 380 salariés de l’Arcom, 18 travaillent pour la nouvelle direction des plateformes en ligne. Mais il faudra renforcer leur action sur les réseaux sociaux. Et de conclure : « Je ne doute pas que ces dossiers seront en haut de la pile pour mon ou ma successeur ».
Autre sujet de satisfaction, le lancement le 13 Novembre de LaFA (la filière audiovisuelle), par les trois principaux groupes de télévision (TF1, M6, France télévisions), les trois principales organisations de producteurs (Uspa, AnimFrance et le SPI) et les sociétés d’auteur et d’artistes interprètes (la Scam, la SACD, le Sacem et l’ADAMI). Elle est présudée par le PDG de TF1 Rodolphe Belmer.
Ce dernier note : »Des mouvements tectoniques qui transforment notre système sont à l’oeuvre…. La distribution de programmes par internet entraine la globalisation de notre secteur d’activité ; le développement de nouveaux formats vidéo voit prospérer de nouveaux hébergeurs qui se soustraient à la réglementation ; l’essor de l’IA montre sa capacité de destruction de la chaine de création…. Ce sont ces mouvements puissants qui peuvent fragiliser les murs porteurs de notre filière et sont suffisamment puissants pour qu’on se mobilise collectivement pour les sécuriser et en défendre les grands enjeux. »
Pour l’instant le groupe Canal et Radio France n’ont pas manifesté d’intérêt pour cette association. Mais Arte et la Spect devrait la rejoindre très prochainement. Ainsi la profession audiovisuelle et du cinéma est mobilisée et devrait, avec l’Arcom et le CNC, oeuvrer pour qu’Elon Musk et les États-Unis ne réussissent à démanteler le dispositif de régulation que Thierry Breton avait réussi à mettre en place au niveau européen. Le fait qu’il ait pas été renouvelé comme commissaire européen prouve qu’ils ont déjà des alliés au coeur de l’Europe.
Mais l’Europe ne peut se contenter de réguler. Elle doit trouver un moyen d’être un acteur majeur de ces évolutions qui sont en train de changer le monde. Être un acteur : pas uniquement réguler.