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ILLUSTRATION DES DÉFAUTS DE L’ÉCOSYSTÈME DU CINÉMA FRANÇAIS

Dans son site « Après la révolution numérique », Alain Le Diberder publie un très intéressant article sur « L’évolution du nombre et du public des réalisatrices de cinéma ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Le_Diberder

 

Alain Le Diberder

Il est notamment l’occasion de mettre en évidence certains des défauts du modèle économique du cinéma français. Voici certaines de ses analyses. https://alain.le-diberder.com/evolution-du-nombre-et-du-public-des-realisatrices-de-cinema/

De 1946 à 2000 ces réalisatrices ont cumulé en France 413 millions d’entrées, soit 2,5% du total. Une centaine a dépassé le million de spectateurs. Dans le peloton de tête on trouve Jacqueline Audry (17 millions de spectateurs de 46 à 62).

Jacqueline Audry https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacqueline_Audr

Ainsi que Coline Serreau et ses 10,2 millions d’entrées rien qu’avec « 3 hommes et un couffin ».

Mais, en fait, dans le top 25 on trouve 8 fois des américaines, dont Jeniffer Lee ( 5 millions de spectateurs avec « La reine des neiges » et 7,669 millions avec « La reine des neiges 2 ») ; Vicky Jenson, (4 millions de spectateurs pour « Shrek »), Brenda Jackson (3,5 millions de spectateurs pour « Le Prince d’Égypte »).

« Ce top tend à suggérer qu’il y a donc deux manières d’avoir du succès quand on est réalisatrice : soit être américaine et faire des films d’animation (Jennifer Lee, Vicky Jenson, Brenda Chapman, deux films chacune dans le top 25), soit être française et avoir été comédienne (Coline Serreau, Josiane Balasko, Agnès Jaoui, Lisa Azuelos, Valérie Lemercier, Maiwenn, Emmanuelle Bercot et même Diane Kurys). »*

Autre constatation : « Parmi les dix réalisatrices ayant connu le plus grand succès, on comptait sept réalisatrices de films français entre 2006 et 2010 et seulement trois anglo-saxonnes. Dix ans après la proportion a fait plus que s’inverser car il n’y a plus que deux françaises dans la liste. »

« Un consensus politique mondial, depuis plusieurs décennies, est que la faible place des femmes réalisatrices dans le cinéma est une anomalie regrettable. Des politiques actives ont donc été mises en place dans plusieurs pays et notamment en France. »

En fait des réalisatrices françaises ont des budgets peu importants et de moins en moins importants.

Au contraire « Le vieil Hollywood comme le nouveau n’hésitent pas à confier des budgets considérables à Jane Campion, Kathryn Bigelow, Anna Boden ou Patty Jenkins. Dès 2000, Dreamworks confiait la coréalisation de « Shre »k et ses 66 millions de dollars à Vicky Jenson. On peut alors résumer la situation ainsi : les Américaines attaquent le marché par le haut (des budgets), les Françaises par le bas. »

Il serait qu’il y ait moins de films mais avec de meilleurs budgets

Et il conclut :

« Au total le développement du cinéma des réalisatrices est victime en France d’une contradiction qui pèse sur l’ensemble du secteur mais plus particulièrement sur les réalisatrices : d’un côté la volonté de produire plus, de donner leur chance à un maximum de talents féminins, mais de l’autre une situation générale où les financements ne sont pas infiniment extensibles. Et la contradiction se résout en souplesse par des budgets insuffisants. Il serait alors souhaitable, en théorie, qu’il y ait moins de films de réalisatrices mais avec de meilleurs budgets. (…..) une bonne partie du système du cinéma français, des obligations des chaînes au lobbying des producteurs en passant par les distributeurs et les représentants des artistes, est verrouillé en pilotage automatique vers la production de plus de 200 films, pour ne parler que de ceux qui ont un financement d’au moins une chaîne et une véritable distribution en salles. »

*Citations de l’article d’Alain Le Diberder

PS : Mon éditorial ne cite qu’une petite partie de l’article que je vous conseille de lire intégralement.