A priori le Rassemblement National ne sera pas en mesure de gouverner la France. C’est un énorme soulagement pour le monde de la Culture. Notamment la poursuite du service public de la télévision et de la radio, indispensable au bon fonctionnement de la démocratie, mais aussi de la création cinématographique et audiovisuelle ainsi que de la diffusion de la culture dans un pays comme le notre, est assurée. Du moins jusqu’à de prochaines élections nationales.
Il n’en reste pas moins que notre cinéma et notre télévision sont en attente d’indispensables réformes.
Tout d’abord France télévisions et Radio France. Ces deux groupes n’ont évidemment pas besoin d’être fusionnés, mesure qui, comme nous l’avions rappelé ne ferait, dans un premier temps, qu’augmenter ses coûts. https://siritz.com/editorial/audiovisuel-public-reforme-gesticulation/Mais il est impératif que leur financement pérenne soit enfin assuré. D’après la loi, son financement provisoire par une fraction de la TVA prendra fin à la fin de l’année. Le financement directement par les téléspectateurs, c’est à dire par une redevance sur les foyers disposant d’un poste de télévision, comme c’était le cas auparavant et comme c’est le cas ailleurs, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne, est le système le plus juste. Avoir supprimé cette redevance pour « réduire les impôts des français », et le remplacer par un financement par le budget de l’État, c’est à dire par des emprunts à l’étranger, puisque le budget de l’État est très largement en déficit, relève tout simplement de l’illusionnisme. Si les citoyens payent cette redevance ils ont plus de chance d’être regardants sur ce à quoi elle sert.
Autre domaine où il est nécessaire d’agir vite : le CNC, qui est un outil essentiel de régulation et de financement de notre cinéma et de notre télévision, puisqu’il faut remplacer son président qui vient d’être obligé de démissionner. Olivier Henrard, le directeur général, nommé président par intérim, serait tout à fait compétent pour assumer cette fonction de manière permanente. Mais, au fil des années, l’action du CNC a pris une telle ampleur qu’il est indispensable de mener une réflexion, puis une réforme de ses objectifs et de sa stratégie. Cette démarche devrait débuter par la mise en place d’outils pour évaluer les performances de chacun des innombrables mécanismes de soutien automatique et sélectif. Cette évaluation devrait commencer, pour chaque mécanisme de soutien, par la définition de ses objectifs, ce qui ne semble pas toujours être clair. Elle devrait se poursuivre par l’évaluation chiffrée, sur les 5, 10, voir 15 dernières années précédentes, du taux d’atteinte de ces objectifs. Puis, par une analyse des causes des mauvaises performances. Il est plus que certain que certaines sous-performances apparaitront évidentes et que la nécessité de réformes s’imposera.