Bob Iger, rappelé â la tête du groupe Disney qui a perdu sa légendaire rentabilité, vient d’annoncer un changement radical de la politique du groupe. Ce changement devrait modifier profondément l’offre et la stratégie des majors de l’audiovisuel.
Nommé à la tête du groupe en 2006, Bob Iger avait continué, dans la foulée de son prédécesseur Michael Eisner, à faire de The Walt Disney Company, de loin, le premier groupe d’audiovisuel et de loisirs du monde. Il y avait réussi en ajoutant, par rachat, au champion mondial des dessins animés familiaux, des entreprises qui étaient toutes, des champions du monde dans leur domaine, et dont la production était ensuite déclinée en produits dérivés et en nouvelles attractions pour les parcs d’attraction Disney World.
Premier acheté, Miramax, la société des frères Weinstein, qui en restaient directeurs, et qui produisait, avec un succès constant, des films indépendants, l’équivalent américain de nos films d’auteurs. Mais, comme on sait, ils ont fini en prison. Puis, ABC, la première chaîne américaine et ses filiales, le réseau ESPN de chaînes du sport. Ensuite Pixar, que Steve Jobs, à la tête d’Apple, avait créé et qui avait révolutionné le dessin animé avec l’image de synthèse et réussi à conquérir le public adulte. Vient ensuite Marvel qui avait lancé de multiples héros de bandes dessinées pour les jeunes que Disney allaient transformer en héros de blockbusters. Enfin Lucas Films, le producteur de la série de blockbusters « La guerre des étoiles. »
Cela aboutit au lancement de la plate-forme de S-vod, Disney + qui, grâce à la capacité de production du groupe, se devait immanquablement de supplanter Netflix.
En 2021 Bob Iger a quitté la présidence d’un groupe qui apparaissait alors comme l’irrésistible géant mondial de l’audiovisuel et des loisirs. En 2023 il a été rappelé d’urgence parce que, à l’opposé de toutes les prévisions, tous les voyants étaient passés au rouge et que le groupe cumulait les pertes.
Quelques mois après son retour Bob Iger vient donc d’annoncer un changement radical dans la politique du groupe, que l’on pourrait résumer d’une phrase : produire moins pour produire mieux.
En fait, Bob Iger a compris que toutes ces acquisitions et leurs multiples succès avaient fini par faire croire aux dirigeants de Disney que le succès reposait sur les marques et les franchises. En un mot : sur la répétition de formules qui avaient marché. Alors qu’il reposait en réalité sur le talent et la créativité. Donc le groupe cessera de faire des suites.
Bob Iger a redécouvert que cette vérité est la loi dans l’art, le divertissement comme dans la recherche scientifique. On a tendance à croire que le public veut voir ce qui lui a déjà plu, alors qu’il est, peut-être inconsciemment, toujours à la recherche de ce qu’il n’a jamais et va le surprendre. La force des producteurs et diffuseurs du cinéma et l’audiovisuel repose ainsi sur leur capacité à trouver ces nouveaux talents qui vont révolutionner l’offre. C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire. Les Weinstein, Jobs, Lucas ou Iger sont ceux qui y étaient parvenus.