Les Rencontres de l’ARP qui ont eu lieu au Touquet ont principalement porté sur l’intégration des plateformes internationales américaines dans l’écosystème de notre cinéma. Un écosystème qui comprend nos chaînes payantes et gratuites.
On est encore loin d’accords entre le cinéma et ces acteurs. Faute de tels accords l’État imposera des règles du jeu déjà connues. https://www.cineuropa.org/fr/newsdetail/412982/
Selon Alain Sussfeld qui représentait les producteurs, ceux-ci pourraient gagner 80 millions € ou en perdre autant. A comparer aux quelques 350 millions € qu’apportent aujourd’hui l’ensemble de nos chaînes.
Du côté de ces dernières, c’est l’accord avec Canal + qui bloque. Or, n’oublions pas que la chaîne, à la surprise générale, a renoncé à la retransmission du championnat de France de foot-ball, car Bolloré estimait que les droits de retransmission de cette compétition sont exorbitants. On peut estimer, au vu des résultats actuels, qu’il en soit de même des films français de cinéma. Et personne ne peut dire si cette situation n’est que passagère ou si elle va s’inscrire dans la durée.
En fait, Canal+, comme les plateformes, recherche avant tout des séries. Pour les plateformes les films de cinéma sont avant tout des outils de promotion. D’où leur production de films de grands réalisateurs susceptibles d’avoir une forte couverture médiatique. Certes, la sortie salle contribue à cette couverture et peut déclencher un bouche à oreille, comme le montre la tentative de Netflix Film Club. https://siritz.com/editorial/le-village-gaulois-des-salles-de-cinema/ Il se peut d’ailleurs que Netflix et les autres plateformes achètent des salles de cinéma où seront projetés leurs «téléfilms », voire leurs séries. Le billet supportera une TVA de 20% au lieu de 5,5%, mais pas de TSA à 10,7%. Et, comme il s’agit de promotion, le prix de ce billet pourrait être très bas.
Et rappelons que les producteurs de cinéma, comme tous ceux qui participent â la fabrication de films, ont la possibilité de se diversifier dans les séries.
A partir de 1983, notamment du fait de l’augmentation de l’offre de chaînes, le cinéma était entré dans une grande crise, avec 10 ans de baisse de la fréquentation. En 1993 il a mis fin â cette crise et fait remonter sa fréquentation au niveau de 1982 avec le développement des multiplex. Pourtant, en 1983 le premier multiplex, le Kinepolis, existait déjà, avec succès, à Bruxelles. Puis il y a eu les cartes d’abonnement et la diffusion des opéras.
En fait, la leçon du passé c’est que, même avec une chronologie des médias rationnelle et des obligations d’investissement maintenues, face au développement des plateformes et du replay sur toutes les chaînes, les salles de cinéma et le cinéma en général doivent impérativement innover.