Cette semaine la fréquentation semble s’être stabilisée à un niveau excessivement bas. C’est essentiellement dû à deux films américains dont le démarrage est supérieur à celui du précédent et premier épisode de la série. Mais cette fréquentation reste encore inférieure à celle de l’année dernière qui n’était pourtant pas brillante. Et elle est donc très en-dessous des années pré-covid qui la situaient à plus de 200 millions d’entrées par an
Les réflexions vont donc bon train sur les causes de ce recul. L’une d’elle est peut-être tout simplement que l’offre moins attractive. Mais prenons un peu de recul et rappelons qu’à partir de 1983 la France a soudain connu une chute ininterrompue et spectaculaire des entrées de ses salles : de 202 millions de spectateurs en 1982 jusqu’à 116 millions en 1993. Et puis, en octobre 1993, Pathé a ouvert les deux premiers multiplexes Français et leur succès a été d’emblée spectaculaire. Grâce à eux le cinéma redevenait ce qu’il aurait toujours dû être : un spectacle collectif. Bien entendu c’était toujours, aussi, un art. Mais c’était redevenu un spectacle qu’allaient regarder ensemble des spectateurs de tous âges et de toutes classes sociales, ce qui le distinguait fondamentalement du même film vu chez soi sur son écran de télévision.
La chute avait été essentiellement due à la transformation du parc de salles en un parc de complexes comprenant chacun plusieurs petites salles. Les exploitants ont alors compris que, pour lutter contre la télévision, le parc de salle devait « faire la différence » en prenant le contrepied de ce qu’il avait fait pendant quinze ans, c’est à dire en offrant de grands écrans, un son enveloppant, une vision parfaite et des fauteuils très confortables. Les petites salles ont fermé et les multiplexes ont proliféré. Parallèlement, les studios américains ont produit massivement des blockbusters spectaculaires qui n’ont de sens que vu dans un multiplex. Et quand ils sont présentés dans des salles IMAX les résultats sont encore bien meilleurs.
Or, aujourd’hui, il est clair que la sortie cinéma est moins attractive. Qu’est-ce qui a changé depuis le confinement ? la multiplication de l’offre de séries, dont certaines excellentes, à la télévision ? Mais, à partir de 1993 l’offre télévisuelle qui n’a jamais cessé de s’élargir n’a pas empêché le cinéma de retrouver ses spectateurs. En fait, ce qui est frappant, c’est que, pour promouvoir leurs séries les plates-formes et les chaînes utilisent les mêmes moyens de promotion que le cinéma pour ses films porteur. Au point qu’il faut se concentrer pour bien réaliser qu’une affiche ou une bande-annonce d’ une série n’est pas celles d’un film. Le cinéma peut-il inventer un nouveau marketing qui le distinguerait du petit écran ?
Par ailleurs, il est frappant que cela fait des années que la production Française n’a plus produit des films rassemblant 10, 15 et même 20 millions de spectateurs. Comme l’a noté la Cour des comptes nous avons réussi à maintenir la fréquentation avec beaucoup plus de films mais aussi plus de salles.Donc, moins de spectateur par film et par salle.
En fait, nos films qui « marchent », ont du succès soit dans Paris et les grandes villes, soit en Province. Cette années seuls trois films Français, «Asterix et Obelix, l’Empire du milieu » , « Les 3 Mousquetaires-D’Artagnan » et « Alibi.com 2 » ont eu du succès sur ces deux zones. Et aucun n’a atteint 5 millions d’entrées. Rappelons enfin l’énorme succès dans des salles de cinéma du monde entier du documentaire « The Eras Tour » sur le concert de Taylor Swift et ses coulisses . Les préventes de billets dans deux salles de Pathé en France sont impressionnantes. « Aller au spectacle » en salle de cinéma peut donc être plus populaire que jamais.
Cette semaine, pour les vacances scolaires, de potentiels poids lourds de la fréquentation-deux films américains et un film Français- vont sortir. On va voir à quel niveau ils vont faire remonter la fréquentation.
Pour relancer sa fréquentation le cinéma doit « faire la différence » avec la télévision et les plates-formes. Mais comment ?