Archive d’étiquettes pour : l’empire du milieu

Les rôles principaux d’un film (ceux qui apparaissent en haut de l’affiche) sont en général une des dépenses essentielles du budget prévisionnel d’un film.

Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.

En 2023 c’était, de loin, les 7 rôles principaux de « Asterix & Obélix, l’empire du milieu » qui avaient reçu les rémunérations cumulées les plus élevées de l’année : 4 786 000 €.  https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-guillaume-canet-2/

Parmi les films de fiction français sortis depuis le début de cette année, le champion est loin d’atteindre ce chiffre puisqu’il s’agit de « Frères », avec 1 725 000 €.  https://siritz.com/cinescoop/un-film-qui-parie-sur-son-casting/ A noter néanmoins qu’ils n’était que 2 comédien à se partager cette somme (Yvan Attal et Mathieu Kassovitz).

Cet écart entre les deux tops explique sans doute en partie que la moyenne des rémunérations des rôles principaux des films sortis l’année dernière était plus élevée de 13% en 2023 par rapport à cette année. Car si l’on se réfère aux rémunérations médianes c’est l’inverse : celles de 2024 est supérieure de 5,7% à celles de 2023.

Bien entendu l’année dernière il y avait des films dont le budget prévisionnel était très supérieurs aux plus élevés de cette année, à commencer par « Astérix & Obélix » avec ses 64 millions € de budget.

Maintenant si l’on prend en compte le pourcentage du budget total que représente la rémunération des rôles principaux, les résultats sont très différents. Ainsi, le pourcentage le plus élevé de cette année est de plus de 44%, soit 90% de la moitié du budget. C’est celui des deux rôles principaux de « Frères ». Alors que l’année dernière il est de 21,43%. En effet, les trois stars internationales de « Marlowe », avaient reçu un peu plus de 4,7 millions € pour un film d’un budget de 22,3 millions €. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-neil-jordan/

Si l’on prend en compte le pourcentage moyen, cette année, avec 4,11% est légèrement devant 2023 avec 3,94%. Au contraire, en ce qui concerne le pourcentage médian, c’est 2023, avec 2,97%, qui est devant 2024 avec 2,89%.

Néanmoins, comme pour les réalisateurs, d’une année sur l’autre la moyenne et la médiane sont au même niveau, à 1% près.

www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma.  Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.

Nous avons établi un baromètre des budgets prévisionnels des films français de fiction sortis depuis le début de l’année jusqu’au 15 mai 2024, c’est-à-dire juste au début du Festival de Cannes 2024 et l’avons comparé à celui de l’ensemble de l’année dernière.

Comme on le voit, le budget le plus élevé depuis le début de l’année est de 19 millions €. Il s’agit de la comédie « Les chèvres !», réalisée par Fred Cayavé, interprété par Dany Boon. https://siritz.com/cinescoop/une-comedie-de-cayave-au-moyen-age/ Il n’a rassemblé que 183 000 spectateurs. L’année dernière le budget prévisionnel le plus élevé était de 64 millions €, donc de plus du triple, pour « Asterix et Obélix, l’empire du milieu », réalisé par Guillaume Canet et sorti le 1er février. https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-guillaume-canet-2/ Il a rassemblé 4,622 millions €.Il faut jouter que sur l’ensemble de l’année dernière 8 films ont dépassé un budget de 19,2 millions €,  dont les 2 « Trois Mousquetaires » à plus de  36 millions €.https://siritz.com/cinescoop/les-trois-mousquetaires-milady/ et https://siritz.com/cinescoop/les-trois-mousquetaires-milady/ 4 films avaient un budget situé entre 20 et 29 millions € et un à 19,245 millions €.

C’est principalement ce qui explique que le budget moyen des films de fiction français de l’’ensemble de l’année dernière était de 5,268 millions €, dépassant de 11% les 4,747 millions € de cette année.

Néanmoins, ce qui est frappant c’est que le budget médian (autant de budget au-dessus qu’en dessous de ce montant) de cette année est de 3,428 millions € contre 3,557 millions €, soit une baisse de 3,6%. Il s’agit du budget prévisionnel de « Roqya », réalisé par Saïd Belktiva , qui vient de sortir https://siritz.com/cinescoop/une-chasse-aux-sorcieres-moderne/ comparé à celui de « Disco Boy », réalisé par Giacomo Abbruzzese, https://siritz.com/cinescoop/la-remuneration-de-giacomo-abbruzze/sorti l’année dernière.

Ce qui est le plus frappant est la comparaison des films au budget prévisionnel les moins élevés. Cette année il revient aux …56 000€ de « Si proche du soleil », réalisé par Benjamin Rancoule. Sorti dans 2 salles il a rassemblé 183 spectateurs. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=293559.html Le budget prévisionnel d’un film de fiction le moins élevé de l’année dernière  était celui de 170 000 € pour « Un prince », réalisé par Pierre Creton et qui, sorti dans 32 salles, avait rassemblé 7 374   spectateurs. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_prince

Cette semaine la fréquentation semble s’être stabilisée à un niveau excessivement bas. C’est essentiellement dû à deux films américains dont le démarrage est supérieur à celui du précédent et premier épisode de la série. Mais cette fréquentation reste encore inférieure à celle de l’année dernière qui n’était pourtant pas brillante. Et elle est  donc très en-dessous des années pré-covid qui la situaient à plus de 200 millions d’entrées par an

Les réflexions vont donc bon train sur les causes de ce recul. L’une d’elle est peut-être  tout simplement que l’offre moins attractive. Mais prenons un peu de recul et rappelons qu’à partir de 1983 la France a soudain connu une chute ininterrompue et spectaculaire des entrées de ses salles : de 202 millions de spectateurs en 1982 jusqu’à 116 millions en 1993. Et puis, en octobre 1993, Pathé a ouvert les deux premiers multiplexes Français et leur succès a été d’emblée spectaculaire. Grâce à eux le cinéma redevenait ce qu’il aurait toujours dû être : un spectacle collectif. Bien entendu c’était toujours, aussi, un art. Mais c’était redevenu un spectacle qu’allaient regarder ensemble des spectateurs de tous âges et de toutes classes sociales, ce qui le distinguait fondamentalement du même film vu chez soi sur son écran de télévision.

La chute avait été essentiellement due à la transformation du parc de salles en un parc de complexes comprenant chacun plusieurs petites salles. Les exploitants ont alors compris que, pour lutter contre la télévision, le parc de salle devait « faire la différence » en prenant le contrepied de ce qu’il avait fait pendant quinze ans, c’est à dire en offrant de grands écrans, un son enveloppant, une vision parfaite et des fauteuils très confortables. Les petites salles ont fermé et les multiplexes ont proliféré. Parallèlement, les studios américains ont produit massivement des blockbusters spectaculaires  qui n’ont de sens que vu dans un multiplex. Et quand ils sont présentés dans des salles IMAX les résultats sont encore bien meilleurs.

Or, aujourd’hui, il est clair que la sortie cinéma est moins attractive. Qu’est-ce qui a changé depuis le confinement ? la multiplication de l’offre de séries, dont certaines excellentes, à la télévision ? Mais, à partir de 1993 l’offre télévisuelle qui n’a jamais cessé de s’élargir n’a pas empêché le cinéma de retrouver ses spectateurs.  En fait, ce qui est frappant, c’est que, pour promouvoir leurs séries les plates-formes et les chaînes utilisent les mêmes moyens de promotion que le cinéma pour ses films porteur. Au point qu’il faut se concentrer pour bien réaliser qu’une affiche ou une bande-annonce d’ une série n’est pas celles d’un film. Le cinéma peut-il inventer un nouveau marketing qui le distinguerait du petit écran ?

Par ailleurs, il est frappant que cela fait des années que la production Française n’a plus produit des films rassemblant 10, 15 et même 20 millions de spectateurs. Comme l’a noté la Cour des comptes nous avons réussi à maintenir la fréquentation avec beaucoup plus de films mais aussi plus de salles.Donc, moins de spectateur par film et par salle.

En fait, nos films qui « marchent », ont du succès soit dans Paris et les grandes villes, soit en Province. Cette années seuls trois films Français, «Asterix et Obelix, l’Empire du milieu » , « Les 3 Mousquetaires-D’Artagnan » et « Alibi.com 2 » ont eu du succès sur ces deux zones. Et aucun n’a atteint 5 millions d’entrées. Rappelons enfin l’énorme succès dans des salles de cinéma du monde entier du documentaire « The Eras Tour » sur le concert de Taylor Swift et ses coulisses . Les préventes de billets dans deux salles de Pathé en France sont impressionnantes. « Aller au spectacle » en salle de cinéma peut donc être plus populaire que jamais.

Cette semaine, pour les vacances scolaires, de potentiels poids lourds de la fréquentation-deux films américains et un film Français- vont sortir. On va voir à quel niveau ils  vont faire remonter la fréquentation.

Pour relancer sa fréquentation le cinéma doit « faire la différence » avec la télévision et les plates-formes. Mais comment ?