Sur les films français sortis en 2020, les 5 plus rentables du point de vue de la distribution comprennent 2 films d’auteur et un documentaire
Notre article « La fausse martingale pour le succès d’un film » détectait les trois plus massifs échecs financiers parmi les films sortis en 2020. https://siritz.com/?p=1449&preview_id=1449&preview_nonce=7bdae6673a&preview=true&_thumbnail_id=1450
En revanche, il est beaucoup plus délicat de classer les films selon leur rentabilité, car celle-ci varie suivant l’investisseur et en fonction du plan de financement. On peut néanmoins établir un classement de la rentabilité de la distribution, en prenant comme critère le nombre d’entrées généré par le minimum garanti. Cinéfinances.info* nous a fourni ces chiffres. Certes, ce calcul ne prend pas en compte les frais d’éditions. Néanmoins, on peut considérer que le distributeur les a proportionnés à son minimum garantis. De même, ce classement ne prend pas en compte les films pour lesquels le distributeur n’a pas fourni de minimum garanti. Souvent, c’est parce qu’il est lui-même producteur délégué ou coproducteur.
Mais le classement qui suit, concernant les films sortis les deux premiers mois de 2020, est tout de même significatif. On voit que parmi le Top 5 il y a deux comédies avec une star, mais aussi deux films d’auteur et un documentaire. Et l’une des comédie est une adaptation d’un roman à succès l’autre une franchise. Le documentaire est en quelques sorte la suite d’un succès précédent sur le même sujet.
« 10 jours sans maman » est une adaptation d’un roman argentin d’Ariel Winograd, « Mama se fue de viaje ». C’est une comédie avec Franck Dubosc.
Il a été réalisé par Ludovic Bernard et produit par Studio Canal et Soyouz films (Romain Brémond) pour un budget de 8,9 millions €. Studio Canal en est le distributeur pour un minimum garanti de 500 000 € (6% du budget). Il a atteint 1,1 million d’entrées.
https://fr.wikipedia.org/wiki/10_jours_sans_maman
« Un divan à Tunis » a été réalisé par Manele Labidi. Produit par Kazac Productions (Jean-Christophe Reynaud) pour moins de 2 millions €, c’est à la fois une comédie et un film d’auteur. Il est distribué en salle par Diaphana qui a donné un minimum garanti de 155 000 € (8% du budget) et atteint 316 000 entrées.
« La fille au bracelet » est également un film d’auteur, réalisé par Stephane Demoustier. L’intrigue se passe dans un procès aux assises au cours duquel une jeune femme est accusée d’avoir tué son amie. Produit par Petit Film (Jean Desforêt), son budget est de 3,3 millions €. Le Pacte a donné un minimum garanti de 180 000 € (6% du budget) et le film a atteint 320 000 entrées.
« Marche avec les loups » est un documentaire réalisé par Jean-Michel Bertrand. Il est la suite de « La vallée des loups », sorti en 2017 et qui avait atteint 200 000 entrées. Produit par MC4 (Jean-Pierre Bailly, son budget était de 890 000 €. Gebeka avait accordé un minimum garanti de 150 000 € (17% du budget). Il avait atteint 180 000 entrées quand les salles ont été fermées et était loin d’avoir terminé sa carrière. C’est typiquement le genre de film dont l’exploitation est très longue.
Enfin « Ducobu 3 » est une comédie réalisée et interprétés par Elie Semoun. « L’élève Ducobu » en 2011 avait atteint 1,5 millions d’entrées et « Les vacances de Ducobu » en 2012 un million d’entrées. Produit par les Films 24 et Les films premiers (deux filiales d’UGC), son budget est de 8,9 millions €. UGC a accordé un minimum garanti de 1,3 millions € (15% du budget). Le film a rassemblé 1,45 millions de spectateurs.
A ces films, même s’il ne peut être inclus dans notre tableau, parce que le distributeur, UGC, n’a pas accordé de minimum garanti, on peut ajouter la comédie dramatique « Le vétos ». Il a été réalisé par Julie Manoukian. Produit par les films du 24 (une filiale d’UGC) pour 6,4 millions € il a atteint 636 000 entrées. Ce qui devrait lui permettre de payer la commission du distributeur, de couvrir les frais d’édition et de verser un supplément au producteur.
Ces films, étant tous sortis en janvier ou février, leur carrière en salle était connus. On peut noter que deux films sortis en mars, et donc la carrière a été interrompue par la fermeture des salles, allaient être de gros succès : « De Gaulle », sur ces jours de 1940 où le jeune officier se révèle et entre dans l’histoire. Distribué par SND, il avait réalisé 600 000 entrées en 10 jours. « La bonne épouse », une comédie très originale, distribuée par Memento Films, avait réalisé 165 000 entrées en 4 jours.
Ces résultats ne font que confirmer que le cinéma est une industrie de prototypes. Il n’y a pas de martingale assurant le succès et les films d’auteur, y compris les documentaires, peuvent être très rentables. Comme on le sait cette industrie est donc aussi un art.
* www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie le budget, le plan de financement et la répartition des recettes de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il dispose d’un puissant moteur de recherche multicritères et de 10 ans d’archives.