
UN FILM DE CINÉMA EST UN PROTOTYPE
Par Serge Siritzky
Il est plus que probable que le développement et le succès ds séries a une incidence sur le cinéma. Mais laquelle ? Il se trouve que notre sponsor, l’ESRA, qui regroupe des écoles de formation aux métiers de l’image en France, en Belgique et aux Etats-Unis, s’est penché sur la question. Il est, avec 3IS, la seule école français privée a délivrer des diplômes visés par le ministère des enseignements supérieurs allant jusqu’au master. A ce titre elle est obligé de faire de la recherche pour son secteur.
C’est à ce titre que José Moure, directeur du département recherche au sein du groupe ESRA, a fait publié par cette dernière un livre intitulé « Le cinéma à l’heure des séries » * qui apporte des éclairages passionnants sur cet enjeu. Il repose sur de nombreux débats organisés entre producteurs, réalisateurs et scénaristes de films et de séries.
A titre d’exemple il rappelle que, dans la série, le scénario est essentiel. Et il répond à des règles de base. Ainsi les plate-formes imposent des règles que toutes les autres chaînes sont contraintes de suivre pour proposer des programmes de la même qualité. Elles exigent notamment que le spectateur soit accroché dès les 3 premières minutes, sinon il zappe. Et le spectateur ne doit pas avoir envie de zapper jusqu’à la fin de l’épisode. En outre, celui-ci doit se terminer par un cliffhanger pour que le spectateur soit obligé de passer à l’épisode suivant. Et le showrunner imposera des réécritures jusqu’à ce que le scénario soit considéré comme parfait.
Au contraire, les réalisateurs et les coscénaristes de films de cinéma reconnaissent qu’il est très rare que les producteurs aient la même exigence concernant le scénario. Même quand le réalisateur, y compris un « grand » réalisateur, estime que le scénario comporte des faiblesse, le plus souvent le producteur lui répond qu’il n’a pas le budget, ni même le temps pour accepter ce travail supplémentaire : le scénario est incontestablement le parent pauvre du cinéma français.
Parmi les multiples autres enseignements de cet ouvrage on retiendra la remarque d’Ariane Toscan du Plantier, directrice de la distribution chez Gaumont : aujourd’hui les gens ne vont plus au cinéma, is vont voir un film. Ce que Cédric Klapisch résume par : un film de cinéma est un prototype.
Le film de cinéma est un produit haut de gamme. Il doit être conçu pour l’être.
*« Le cinéma à l’heure des séries ».Publié par *Esra éditions, qui vient de racheter Dixit.