Les mésaventures de Cinéworld qui va déposer le bilan font réfléchir sur l’avenir du cinéma. Cette société britannique est le plus important exploitant au monde, avec plus de 8 000 salles. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 1,8 milliards $ en 2021 et enregistré plus de 1 milliard $ de perte. Elle a 8 milliards $ de dettes. De ce fait son cours de bourse a chuté de 50%. Cette situation est due à la fois à la pandémie ainsi qu’à la forte baisse de la fréquentation depuis et à de fortes erreurs de gestion. https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/20/cineworld-le-deuxieme-plus-gros-circuit-de-cinema-mondial-au-bord-de-la-faillite_6138571_3234.html
Cet exemple illustre le problème auquel doivent faire face tous les exploitants du monde. En France, comment des exploitants privés peuvent-ils équilibrer leurs comptes avec une baisse de 30% de la fréquentation ? Ou, pour l’exprimer d’une autre manière, notre parc de salles d’environ 6 000 écrans, qui a été conçu pour une fréquentation d’environ 200 millions de spectateurs par an, n’est-il pas très sur-dimensionné pour une fréquentation qui tourne autour de 150 millions de spectateurs par an ? Il se peut que la fréquentation remonte progressivement à environ 180 millions de spectateurs par an ce qui permettrait sans doute à la plus grande partie de notre parc de survivre en se serrant la ceinture. Mais, pour l’instant, les 30% de baisse semblent devenu le nouvel étiage. S’il devenait permanent les exploitants pourront-ils survivre en se serrant la ceinture un peu plus ?
Par ailleurs la France produit actuellement plus de 250 films par an, soit plus de trois films par semaine. https://siritz.com/editorial/revoir-lecosysteme-de-notre-cinema
Cela est rendu possible par notre écosystème de financement de la production qui permet de dégager des bénéfices avec un film globalement déficitaire. Là encore, la question est de savoir si cet écosystème va pouvoir survivre. Car celui-ci est une pyramide renversée : tout repose sur les distributeurs, même s’ils n’apportent qu’une part très minoritaire du financement d’un film. Mais ils ont subi de tels échecs à répétition que, pour survivre, ils vont devoir diminuer fortement leurs investissements en minima garantis et promotion. Il est vrai l’apport supplémentaire apporté par les plateformes devrait compenses en grande partie cet inévitable recul.
Mais que signifie un cinéma en salle dont la vocation est d’être un outil de promotion pour les plateformes ?