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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LE CINÉMA EST LOIN D’AVOIR DIT SON DERNIER MOT

Par Serge Siritzky

Le cinéma, c’est à dire un film dans une salle, est loin d’avoir dit son dernier mot. En France, avec 213 millions d’entrées, 2019 avait été une année record de ces 60 dernières années. La pandémie a entrainé une forte chute de la fréquentation dans l’hexagone et dans le reste du monde, notamment les États-Unis. En 2022 il semble qu’en France nous nous situerons entre 150 et 160 millions d’entrées, soit une chute de 25 à 30% par rapport à la pré-pandémie.
Comme nous le notions, ce recul est avant tout dû à la chute de l’offre de blockbusters américains, https://siritz.com/editorial/recul-structurel-du-nombre-de-blockbusters/ notamment parce que tous les Studios américains , à la différence de la France, ont totalement arrêté leur production pendant la pandémie. Mais, aussi, parce qu’après celle-ci ils ont estimé que les plates-formes de S-vod allaient grignoter une part importante du marché de la salle et, donc, le réduire. En outre, tous les Studios investissent massivement dans leur propre plateforme ce qui leur laisse moins à investir dans les films.

Les Plates-formes sont déficitaires et les blockbusters rentables

Mais les Studios sont en train de se rendre compte que ces plates-formes sont très déficitaires alors que les blockbusters sont rentables.
Disney vient de se le démontrer avec son deuxième « Black Panther » qu’il avait menacé de sortir en France directement sur Disney+ pour protester contre notre chronologie des médias. Cette suite, qui est finalement sortie en salle, en deux semaines réalise 26 % d’entrées de plus que le premier opus.

Amazon crée un Studio de films pour les salles

Encore plus significatif est le fait qu’Amazon, le géant de la vente en ligne, qui dispose de sa propre plate-forme, Amazon Prime, a décidé de devenir à son tour un Studio, c’est à dire d’investir un milliard de dollars par an dans des films destinés à une sortie en salle. David Zaslav, le patron de Warner Discovery a, en effet, au cours d’une conférence de presse, révélé que « un film qui sort d’abord en salle est cinq fois plus performant en streaming que quand il sort directement en streaming. » Bien entendu, la fenêtre de la salle sera différente suivant les pays et restera sans doute à 45 jours aux États-Unis. Encore qu’Amazon pourra l’allonger s’il se rend compte que cela peut augmenter ses recettes salles sans réduire la performance de sa plate-forme. Ce nouveau Studio distribuera sans doute lui-même ses films aux États-Unis mais il la sous-traitera peut-être dans le reste du monde. De tout façon on ne verra ces films que dans quelques années, car il faut trouver le responsable du studio, puis produire ces films.

En tout cas, le cours des actions des principaux réseaux américains de salles de cinéma, AMC et Cinéworld, a immédiatement bondi. Et, si l’offre de blockbusters américains augmente cela entrainera automatiquement une augmentation de la fréquentation en France et, aussi, une augmentation des recettes du CNCA au bénéfice de la production française
Effectivement, le cinéma est loin d’avoir dit son dernier mot.

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