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L'édito de Serge
Serge Siritzki

LA DÉRIVE DES CONTINENTS DE L’AUDIOVISUEL

Par Serge Siritzky

Les dogmes sur lesquels repose l’économie du cinéma et de l’audiovisuel sautent les uns après les autres

Pour le cinéma et l’audiovisuel le Coronavirus a accélère la dėrive des continents engagée par les plates-formes numériques mondiales. Rien que la semaine dernière, deux évènement majeurs en France et un aux Etats-Unis en ont été l’illustration.

Gaumont et Orange préfèrent vendre un film directement à la S-Vod

En France, deux distributeurs/producteurs importants, Orange Studio et Gaumont, ont préféré vendre à une plate-forme de S-Vod des films très attendus par les exploitants plutôt que de les sortir en salle https://siritz.com/financine/de-carybde-en-scylla-pour-lexploitation/. Quand on regarde les plans de financement de ces films, il semble probable que ces distributeurs/producteurs ont estimé qu’une sortie en salle ne leur permettrait jamais d’amortir leur investissement alors qu’une vente directe ã la S-Vod leur permettrait de générer la marge de 25 % sur les coûts de production que ces plates-formes proposent en général.

Gaumont a préféré vendre « le film de cinéma « Bronx » directement ã Netflix

En outre, dans le cas de Gaumont, c’est certes un producteur et distributeur de films de cinéma. Mais c’est aussi, et de plus en plus, un producteur de sėries pour lequel Netflix est un client essentiel.

Warner renonce au dogme de la sortie mondiale

Mais le Coronavirus a d’autres effets sur la distribution de films de cinéma. Ainsi, jusqu’ã présent les blockbusters des grands studios américains avaient une sortie mondiale. Il s’agissait d’éviter que, quand un film arrive dans un territoire, il soit dėjà largement offert sur le marché du piratage. Mais aussi de mobiliser d’un coup toute l’équipe du film pour la promotion auprès de tous le media du monde.

Or, la plupart des salles de cinéma américaines sont fermées et, avec le comportement du président Trump et des gouverneurs républicains, cela peut durer encore très longtemps. Il en est de même d’une grandes partie des des salles chinoises, le deuxième marché de ces blockbusters. Et aussi de la plupart des salles de nombreux autres territoires. Les studios américains ont donc décidé de reporter sine die la sortie de leurs films. Ce qui entraîne un effondrement de la fréquentation des salles dans les territoires où elles sont ré-ouvertes, comme la France.

La carrière de « Tenet » qui sort le 26 août en France, sera décisive pour tous les studios américains à qui le report de la sortie de leurs films pose d’énormes problèmes de trésorerie

Dans ce second cas, cela va faire sérieusement réfléchir de nombreux producteurs et distributeurs français qui ont effectué d’importants investissements dans des films de cinéma. Et, en France, les chaînes, comme certains producteurs d’ailleurs, auront des arguments supplémentaires pour réclamer une fusion des obligations d’investissement dans les films de cinéma et les œuvres audiovisuelles, quitte à fixer des planchers.

Le principal exploitant mondial renonce au dogme de la fenêtre d’exclusivité des salles

Quant à l’accord entre Universal et AMC il va rendre plus d’actualité que jamais une réflexion sur la chronologie des media. https://siritz.com/financine/peril-sur-la-fenetre-dexclusivite-des-cinemas/. Curieusement il est passé presqu’inaperçu dans les grands medias français, sauf Les Échos. Alors qu’il risque de totalement bouleverser l’économie du cinéma. A commencer par celle de l’exploitation. En effet, il remet en cause le dogme selon lequel les salles bénéficient d’une fenêtre d’exclusivité d’un film sur tous les autres media, tant que son exploitation en salle se poursuit. Or, d’un seul coup, le premier exploitant des Etats-Unis et d’Europe renonce à ce dogme.

Adam Aron, patron d’AMC, a accepté un fenêtre d’exclusivité de seulement 17 jours pour ses salles

Pourtant cette fenêtre conserve repose sur de solides fondements économiques et sociaux. Jusqu’à présent, seul Netflix la contestait. Sans succès. AMC lui porte un coup sévère. Et, avec la multiplication des media et des cas de figure, il sera de plus en plus difficile, en France, de la figer dans une réglementation détaillée.

Netflix va commercialiser le championnat de France de foot-ball

Dernier bouleversement, l’accord de Mediapro et de Netflix. Le groupe sino-espagnol avait ravi à Canal +, pour sa future chaîne Téléfoot, les droits du championnat de France de foot-ball. En les surpayant selon Canal+, dont une grande partie des abonnées venaient pour cette offre. A ce jour, seul SFR avait passé un accord pour diffuser Tėlėfoot. Canal+ pensait que, comme BeIN, cette chaîne serait finalement obligée de lui confier sa commercialisation. Or, elle vient de passer un accord avec Netflix qui commercialiser auprès de ses abonnées une offre groupée, pour 29€50.

https://www.sofoot.com/telefoot-va-s-associer-a-netflix-486672.html

Netflix va commercialiser le championnat de France de Foot-ball

Jusqu’ã présent Canal+, OCS et BeIn avaient pu trouver un modus vivendi. Mais, désormais, Netflix et, sans doute, Amazon Prime sont tellement puissants qu’un tel accord avec des nains est sans inté; rêt pour eux. Et Netflix va sans doute diffuser aussi des télé-réalités et de l’information. Notre système économique du cinéma et de l’audiovisuel va impérativement devoir tenir compte au plus vite de toutes ces évolutions.

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