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L'édito de Serge
Serge Siritzki

COUPS DURS POUR LA FRÉQUENTATION FRANÇAISE

Par Serge Siritzky

DEUX ÉVÉNEMENTS RISQUENT DE CHANGER LA DONNE

Au vu des résultats du premier semestre il est probable que la France va retrouver dès cette année l’étiage des 200 millions d’entrées par an de l’avant-covid.

LES ÉMEUTES

Mais deux évènements de ces derniers jours risquent de changer la donne. Tout d’abord, les émeutes qui ont embrasé les nuits de la France. Grace au 5eme volet de Indiana Jones, qui bénéficie d’un exceptionnel bouche à oreille, la fréquentation de mercredi 28 juin était sensiblement supérieure à celle du même mercredi de l’an dernier et le film enregistrait de loin le meilleur démarrage de l’année. Mais le lendemain se situait en-dessous du jeudi équivalent de l’an dernier, avec une baisse sensible en banlieue parisienne. Et vendredi la nouvelle chute était encore plus impressionnant.Plusieurs cinéma ont du tout simplement fermé.

La Fête du cinéma qui a démarré dimanche s’en ressortira forcément. Même si son premier jour, dimanche, la fréquentation est remontée à des niveaux normaux, mais pas exceptionnels pour des tarifs à 5 € la place.  Pour Indiana Jones qui avait deux semaines pour engranger les entrées avant la sortie de Mission impossible et dont le démarrage aux États-Unis est un peu décevant, c’est un coup très dur. Néanmoins il ne s’agit qu’un manque à gagner sur quelques jours.

LA GRÈVE DES SCÉNARISTES ET ACTEURS AMÉRICAIN

Mais un deuxième évènement menace notre fréquentation des années à venir : la grève des scénaristes et auteurs américains suivie par celle des comédiens. Cette dernière aura d’ailleurs un impact â court terme puisque les stars américaines ne participeront pas à la promotion de leurs films.

Mais, surtout, le tournage de nombreux blockbusters et séries est décalé d’un semestre, voir d’un an. Et le conflit ne porte pas uniquement sur la rémunération des grévistes mais sur des sujets tous nouveaux comme l’impact de l’intelligence artificielle sur leur métiers. Il est clair que cet impact sera énorme puisque, par exemple, le nouvel Indiana Jones démontre que l’on n’a pas besoin d’Harrison Ford pour tourner des scènes avec lui. Les images d’anciens Indiana Jones suffisent. Quant aux scénarios, dans quelle mesure pourront-ils être écrits par l’intelligence artificielle. Une intelligence artificielle qui en est à ses balbutiements et va progresser de manière exponentielle.

En fait, ce dont il s’agit est de fixer les règles du jeu de l’utilisation d’une nouvelle technologue qui ne cesse d’évoluer. C’est un enjeu beaucoup plus complexe que de fixer des rémunérations. Les négociations risquent donc de durer.

Ce qui est certain c’est que le report de tournages de plusieurs mois, voir d’une année, de films qui représentent normalement au moins 50% de nos entrées aura en 2024 ou 2025 un fort impact sur l’ensemble de la fréquentation française. Et les plateformes dont le succès dépend de l’approvisionnement continu en séries seront forcément touchées.  Or leurs recettes, comme celles des salles, alimentent en partie le compte de soutien et, en outre, elles doivent jouer un rôle croissant dans le financement de nos films et nos séries.

Bine entendu ces deux négociations sont suivies de près par les auteurs et les comédiens Français qui ne manqueront pas de s’inspirer des solutions américaines pour réclamer le respect d’indispensables règles du jeu de ce côté de l’Atlantique.

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