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L'édito de Serge
Serge Siritzki

Cerner les enjeux pour relever les défis

Par Serge Siritzky

Le cinéma et l’audiovisuel prodigieuse source de création de richesses et d’emplois

Le monde est entré dans une période où le cinéma et l’audiovisuel vont connaître un développement exceptionnel. Ainsi, en 2019, presque partout dans le monde la fréquentation, mais aussi la production cinématographique, ont augmenté. Et les plates-formes de S-Vod font bondir les abonnés et les commandes de séries.  

A titre d’exemple, selon les statistiques du British Film Industry, « les dépenses de production dans les films de cinéma et de fictions haut de gamme au Royaume-Uni  devraient doubler, passant de 2 milliards £ à 4 milliards £ de 2017 à 2025 ». De même, HBO estime que, « avec ce qui est dans les tuyaux », c’est ã dire  qui est commandé et en développement, il faudrait 2000 plateaux de tournage dans le monde, alors qu’il n’y en a que mille. En un mot, le cinéma et l’audiovisuel vont être une prodigieuse source de création de richesse et d’emplois. Et la France, avec la qualité reconnue de ses créateurs et de ses techniciens, un patrimoine unique au monde et  le rayonnement de son histoire comme de sa culture semble parmi les mieux armés pour tirer partie de cette situation.

Or ça n’est pas le cas. Certes nous pouvons nous vanter d’être le premier producteur de films en Europe, mais nos exportations  étaient jusqu’à présent dérisoires, reposant sur quelques films. Il est vrai qu’elles ont bondi en 2019, sans doute du fait de la très grande qualité de plusieurs de nos films qui ne sont pas contenté de distraire, mais ont abordé, avec talent et originalité, notre histoire, les grands problèmes de notre société ou la condition humaine. A titre d’exemple, les ventes remarquables de « Portrait de la jeune fille en feu », de Céline Sciamma, un film dont le budget n’atteint pas 5 millions €, prouvent que la « qualité France » peut-être  reconnue et appréciée sur tous les continents. Il y a donc là un chemin à poursuivre. Par ailleurs, nous produisons deux fois moins de fiction que les britanniques ou les allemands et, nos exportations, sauf pour l’animation, sont très insuffisantes. Donc, malgré tous nos atouts, nous sommes  loin de notre potentiel. 

Des règles du jeu et une primauté du cinéma dépassées

En fait, l’économie de ces secteurs repose sur des règles qui ont été mises en place en 1986 et sont fortement dépassées. D’autre part, ces règles reposaient sur le principe de la primauté du cinéma, la fiction étant un art mineur. Depuis, le monde a profondément évolué, sous l’effet de la numérisation et de la globalisation, tandis que la fiction, avec ses séries, est devenue un art majeur. Mais le cinéma a lui-même été révolutionné par les multiplexes et les sorties nationales, voire mondiales. Surtout, son développement dans les nouveaux géants de l’économie mondiale (Chine, Inde, etc…) à la fois nous ouvre de nouveaux marchés de vente à l’étranger et nous  crée aussi des candidats à la production chez nous.

Le ministre de la culture et le président du CNCA préparent de profondes adaptations de nos règles du jeu. Elles vont inévitablement se heurter à d’inévitables conservatismes et à la défense de rentes de situation. Surtout, l’ampleur des changements nécessaires est telle que c’est comme refaire les fondations d’un immeuble sans que ses habitants en subissent le moindre gène. 

Chaque lundi, Siritz.com aura pour but de faire prendre conscience des véritables enjeux et des principaux défis que notre cinéma et notre audiovisuel ont à relever. Il ne vise pas à couvrir l’actualité du secteur mais à fournir des outils d’analyse et de réflexion utiles. Avec des informations exclusives et en donnant la parole aux créateurs, aux techniciens, aux entrepreneurs ainsi qu’aux responsables politiques et administratifs. Tandis que ses comptes Facebook et Twitter vont permettre à l’ensemble des acteurs de réagir et de s’exprimer.

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