N’OUBLIEZ PAS LE 3ÈME AUTEUR !
Par Serge Siritzky
Le compositeur est, avec le réalisateur et le scénariste, le troisième auteur d’un film. La bande musicale contribue fortement à l’émotion que suscite l’œuvre du réalisateur. Rappelons-nous que le succès mondial d’ « Un homme et une femme », le premier film de Claude Lelouch, devait beaucoup à la chanson interprétée par Nicole Croisille, sur une musique composée par Francis Lai et des paroles écrites par Pierre Barouh. Bien entendu ils avaient été choisis par le réalisateur et avaient travaillé étroitement avec lui. Autre exemple marquant, tous les James Bond sont identifiés par le thème musical initial de de John Barry.
D’ailleurs, quand les films étaient encore muets ils étaient souvent accompagnés par des pianistes, comme ceux de Chaplin ou par des orchestres, comme ceux de Eisenstein ou Griffith, sur les musiques de compositeurs choisis par le réalisateur.
La France a eu certains des compositeurs de musique de films les plus célèbres mondialement. Une excellence reconnue par Hollywood et qui a marqué l’histoire de cinéma, comme l’illustrent, entre autres, Maurice Jarre avec « Le pont sur la rivière Kwaï » et « Laurence d’Arabie » ou Michel Legrand avec « L’affaire Thomas Crown ».
Mais l’économie de l’industrie musicale a profondément changé. Auparavant les ventes du disque de la musique d’un film pouvaient être une ressource complémentaire importante pour le producteur. Aujourd’hui le marché est dominé par les plates-formes. Au milieu d’une offre de millions de titres, seuls quelques uns se dégagent. La musique d’un film ne procure donc que des recettes marginales. Néanmoins, aux États-Unis, pour les blockbusters, les réalisateurs et les studios ont compris que la musique peut, et doit, avoir un impact important sur le succès d’une oeuvre.
En France, juridiquement, le compositeur de la musique est reconnu comme l’un des trois auteurs d’un film, avec le réalisateur et le scénariste. Dans le budget, la création musicale comprend la rémunération du ou des compositeurs ainsi que celle de l’interprétation (musiciens et interprètes). Mais c’est une rémunération qui est bien moins importante que celle de la réalisation ou du scénario, comme le montre cette comparaison.
Ciné.info* a fourni les données financières de cet article.
En tout cas, pour certains films, producteurs et les réalisateurs n’ont pas hésité â investir des sommes non négligeables, comme le montre le Top 10.
Matthieu Chedid
www.Cinefinances.info est un site, accessible par abonnement, destiné aux professionnels du cinéma. Il publie budget, le plan de financement et la répartition des recettes prévisionnels de tous les films français qui sortent (hors les films « sauvages » qui ne déposent pas leurs contrats au registre public et ne demandent donc pas l’agrément qui leur permettrait d’accéder à l’aide du CNC). Il s’agit des chiffres de l’agrément d’investissement sur la base duquel le producteur a monté son financement. Il dispose d’archives des films sortis depuis 2010 et d’un puissant moteur de recherche, avec de multiples critères.