L’EXCEPTION CULTURELLE NOUS ENRICHIT
Par Serge Siritzky
La France assure un soutien public à ses activités culturelles bien plus massif que la plupart des autres pays au monde. C’est notamment le cas pour ses oeuvres audiovisuelles et, tout particulièrement pour son cinéma. Ce soutien public que l’on qualifie d’ « exception culturelle » est en totale contradiction avec les principes de base de l’économie de marché qui ont permis la croissance économique. Et pourtant la France a réussi à faire admettre par l’Union européenne que la culture est un domaine dans lequel les règles économiques habituelles, celles de la concurrence loyale, peuvent ne pas être appliquées.
Les principes de l’économie de marché
Ces règles habituelles reposent sur l’idée que, si l’on fait respecter les mêmes règles du jeu à toutes les entreprises, les plus performantes vont s’imposer et la productivité globale de l’économie va augmenter. Les entreprises les plus performantes vont notamment pouvoir proposer les prix les plus bas, au profit du consommateur. Cela entrainera une augmentation de la richesse globale.
Des principes pas toujours respectés
En fait, il faut reconnaitre que ce principe est loin d’être toujours respecté au sein même de l’économie de marché. Ainsi les européens limitent les émissions de CO2 de nos industries mais n’imposent pas ces mêmes restrictions aux produits importés, ce qui incite certaines de nos entreprises à délocaliser leur production.
De même, les droits de douane sur les voitures importées sont de 10% alors que les Chinois appliquent 25% de droits de douane aux nôtres. Mais cette concurrence déloyale ne gêne pas les fabricants allemands car, en Europe comme en Chine, ils ont un quasi-monopole sur les voitures hauts de gamme et, en échange, laissent aux chinois le marché des voitures bon marché. Les Allemands ont donc réussi à imposer à l’Union européenne d’accepter cette concurrence déloyale.
Les principes de l’exception culturelle
Dans le domaine de la Culture, l’idée que la France a réussi à imposer est que, ce qui fait la richesse de celle-ci est sa diversité. Chaque pays, voire chaque région, doit donc pouvoir soutenir sa culture par des moyens financiers (subventions, avantages fiscaux, investissements obligatoires des diffuseurs, etc…) et règlementaires (quotas, etc…) discriminatoires. Sans quoi la culture américaine, s’appuyant sur le plus grand marché intérieur et une langue largement répandue hors de son territoire, s’imposerait totalement, éliminant ses concurrents.
De nombreux articles de Siritz.com montrent qu’en France, les moyens de cette exception culturelle sot souvent détournés de leur objectif. Mais, s’il faudrait probablement réformer nos soutiens pour qu’ils soient plus pertinents, néanmoins l’exception culturelle se justifie pleinement. l’existence d’une diversité culturelle est un enrichissement pour chacun d’entre nous. Nous nous en rendons compte quand nous voyons certains films étrangers qui sont de véritables chefs d’oeuvre qui nous permettent de voir le monde sous un angle auquel nous n’avions pas pensé et qui, effectivement, nous enrichit.