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Étant donné les énormes menaces que fait peser la chute de la fréquentation sur le cinéma français il est normal que l’on se demande quelles sont les causes de cette évolution et s’il ne faut pas modifier le système économique de notre cinéma.
Or, en ce qui concerne les causes, elle tiennent principalement à la chute de l’audience des films américains. De même que, depuis la Libération, la France et l’Europe avaient confié leur sécurité aux États-Unis, ce qui leur évitait d’avoir un budget de la défense conséquant, la fréquentation cinématographique européenne était largement assurée par les films américains. Même en France, qui avait un très efficace système de soutien au cinéma français, les films américains représentaient au moins 55% de la fréquentation et les films français seulement 35%. Ailleurs, la part du cinéma américain était bien supérieure.
La chute constatée après la crise du Covid est essentiellement due au recul des films américains. Avant cette crise l’économie du cinéma américains, avec notamment son mécanisme de copyright, était purement capitalistique. Mais la force des studios et de leurs films reposait essentiellement sur leur constantes innovations. Ils étaient dirigés par des capitaines d’industrie à la recherche permanente de cette innovation et de nouveaux talents. Â l’image des dirigeants actuelle des géants du numérique et du capitalisme mondial qui sont tous des innovateurs.
Or, aujourd’hui il semble que les dirigeants de ces studios pensent que les films qui vont marcher doivent ressembler aux films qui ont déjà marché. Comme si leurs investissement étaient décidés par Chat GPT. ,Espérons qu’au vu des décevants résultats de cette vision ils reviendront à la recherche de l’innovation ou seront remplacés par des dirigeants tablant sur l’innovation et la recherche de nouveaux talents. Mais cela ne dépend pas de nous.
Le cinéma européen, et à commencer par son leader, le cinéma français, doit donc prendre entièrement en main son destin, comme il tente enfin de le faire en matière de défense. Mais, dans le domaine de la culture les européens sont plus avancés que dans le domaine de la défense. Car, depuis longtemps ils ont adopté le principe de l’exception culturelle et reconnu que la culture-et donc le cinéma- n’est pas un produit comme les autres. C’est un besoin public qui justifie l’intervention de la collectivité publique.
Bien entendu, comme pour la sécurité sociale ou la radio- télévision publique, que tous les pays européens ont adopté, l’exception culturelle ne peut ignorer les lois économiques. Mais l’innovation comme l’innovation permanente  et la diversité ont un coût que la collectivité est en droit de partiellement prendre en charges. D’ailleurs, aux Etats-Unis, les innovations des géants du numérique ont été et sont encore largement financées par l’État fédéral. Bien entendu, en 2025, on se rend compte que notre système n’a pas permis de faire apparaître des films français attirant des millions de spectateurs pour remplacer les block-busters américains. Mais l’année dernière il y a bien eu trois films français entrant dans cette catégorie. Bien plus, les films français ont cumulé pèse de 82 millions d’entrées, un record d’entrées depuis de très nombreuses années. Et 45% de part de marché contre 37% pour le cinéma américain.
Depuis le début de l’année le cinéma américain est remonté à 51% et le cinéma français retombé à 35%. Mais les films américains ne comprennent qu’un blockbuster à au moins 5 millions d’entrées (« Lilo et Stich ») contre 3 l’année dernière. Et le cinéma français, zéro blockbuster contre trois l’année dernière. En somme, il est clair qu’il faut absolument conserver notre système. Ce qui ne veut évidemment pas dire ne rien changer. Ce qu’il faut c’est imaginer le moyen de compenser la défaillance américaine en matière de films innovants populaires. Cela repose évidemment sur les créateurs-réalisateurs, scénaristes et producteurs- et sur la capacité de la collectivité à soutenir ces innovations. C’est dans cette direction que notre système de soutien au cinéma doit innover. Et il est indispensable que cette direction débouche sur un succès sinon c’est le parc de salle, fer de lancé du cinéma en France, qui est menacé. En plus des mécanismes qui favorisent le diversité de la création il faut donc favoriser des films populaires parce qu’innovants.

Le cinéma français traverse une crise comme il n’en a pas connue depuis 40 ans. Il est clair que c’est parce qu’il y a une modification structurelle du public potentiel du cinéma que l’on peut résumer en une phrase : pour le public d’aujourd’hui il y a les films qui valent le déplacement et les autres. https://siritz.com/editorial/les-films-qui-valent-le-deplacement/

En 2024, 6 films à 5 millions d’entrées et plus

En revanche, ce qui n’a pas changé, c’est que seule une toute petite minorité de films sont capables de drainer plusieurs millions de spectateurs. Or, il y en avait l’année dernière et pratiquement pas depuis le début de cette année. Ainsi, prenons les films réalisant au moins 5 millions d’entrées. L’année dernière, où, avec 181 millions d’entrées, la fréquentation annuelle avait été de 10% au-dessus de son niveau d’équilibre, qui est de 200 millions d’entrées, il y en avait eu 5 qui étaient des « blockkbusters », et avaient réalisé au moins 5 millions d’entrées : « Un p’tit truc en plus »(11 millions),« Le comte de Monte-Cristo » (9,45 millions), Vice et Versa 2 » (8,56 millions), « Vaïana 2 » (8,1 millions) et «  Mufasa, le roi lion » (5,3 millions). Auxquels il faut rajouter « L’amour ouf » qui vaut frôlé ce niveau (4,94 millions). Soit 47,4 millions de spectateurs pour 6 films, soit 26% des entrées totales.

Et il y avait encore 2 films à plus de 4 millions d’entrées et 2 à plus de 3 millions d’entrées. Soit au total 63 millions d’entrées, ce qui revient à 34% de la fréquentation totale de 2024. De plus, au début octobre, les films de cette liste qui étaient déjà sortis avaient cumulé 29 millions d’entrées.

Depuis le début  2024 un seul film à plus de 5 millions d’entrées

Au contraire, le début de l’année 2025, seul « Lilo & Stich » dépasse les 5,16 millions d’entrées. Soit un retard de 24 millions d’entrées. Mais le retard de la fréquentation totale par rapport à l’année dernière est 17 millions d’entrées. Si l’on prend en compte les films à plus de 3 millions d’entrées, cette année, aucun film ne dépasse les 4 millions d’entrées et 3 films dépassent les 3 millions d’entrées : « F1 » (3,3 millions d’entrées ), « Jurassic World : Renaissance » (3 millions d’entrées) et « God save the Tuche » (3 millions d’entrées). Ce qui fait 9,9 millions d’entrées. L’année dernière, à cette période de l’année, trois films, « D’une deuxième partie » (4,2 millions d’entrées, « Dreadpool & Wolverine » (3,8 millions d’entrées) et « Gladiator II » avaient dépassé les 3 millions d’entrée. Soit, 2,1 millions de plus que ceux de cette année. Donc, à ce stade de l’année, alors que jusqu’à présent la fréquentation des films à 3 millions d’entrées et plus a reculé de 24,1 millions d’entrées, la fréquentation globale n’a reculé que de 17 millions d’entrées.  Ce qui signifie que  les films à moins de 3 millions d’entrées de cette années ont totalisé 7, 1 millions d’entrées de plus que ceux de l’année dernière. Mais, pour atteindre 170 millions d’entrées en 2024 il faudrait en regagner 7 d’ici la fin de l’année. Et si on reste avec un retard de 17 millions d’entrées on atteindra 164 millions d’entrées.

Or, en 2025, après le début d’octobre, sont sortis 4 films qui a plus de 3 millions d’entrées, qui ont totalisé 21 millions d’entrées. Les blockbusters à venir pourront-ils faire beaucoup mieux ou même autant ?